Projet Humus

Intentions

« Humus » est un projet de création sonore générique prévu pour se décliner sous trois formes : une pièce acousmatique multicanal, une performance live et une installation sonore interactive, ces deux dernières développant également un travail visuel sur le monitoring des processus en cours.
Ces trois déclinaisons développeront un ensemble de processus de génération et traitements sonores reliés au phénomène biologique de transformation de la matière organique en couches de nutriments favorisant le développement de la végétation et plus largement de la vie organique sur la terre : l’humus
Véritable usine naturelle de traitement des déchets, ce processus de décomposition de la matière assure un ensemble de tâches réalisées progressivement, sur des périodes temporelles différenciées en fonction des matières à décomposer, qui aboutissent à la création d’une sorte de matière nourricière primitive.
Le projet « Humus » s’inspire de ce processus global pour travailler spécifiquement des matières sonores de natures et origines diverses mais toutes reliées à la présence des êtres humains sur la planète : extraits de phonographies urbaines, archives sonores de sites industriels, captures de flux de média, « déchets » de productions culturelles, « restes » de communications orales dans différentes langues… La liste n’est pas exhaustive… 
Ainsi, au travers de cette référence à un processus biologique, je cherche à questionner notre relation à la production et à la consommation de l’information ainsi que l’effondrement de  la mémoire dans notre civilisation technologique. Capturés dans une sorte de présent permanent qui privilégie le rétrécissement du champs temporel et le renouvellement de plus en plus rapide de la conscience, nous sommes les proies de toutes les sollicitations imaginées par le système économique dominant.  
 

Ecriture

Le lien avec le processus biologique naturel sera travaillé avec l’aide de biologistes afin d’en établir concrètement le déroulement.
Toutes ces sources sonores seront soumises à un ensemble de traitements  visant à les décomposer progressivement et en faire disparaître les contours spectro-morphologiques pour les fondre possiblement dans une seule et même couche. 
Si le processus global est très déterministe, les différentes étapes qui le composent seront soumises à un ensemble de circonstances évolutives générées par des moteurs aléatoires. 
Par exemple, certains objets sonores, en fonction de leur source, de leur durée et/ou de leur contenu spectral, seront travaillés par des traitements non linéaires permettant la résurgence occasionnelle de leur état initial. D’autres matières subiront un traitement distribué aléatoirement sur leur durée, chaque zone de traitement recevant un facteur d’altération laissant plus ou moins perceptible la matière initiale. 
Le déroulement du processus n’est donc pas fixé à l’avance et sa durée possiblement modifiable en fonction des choix variables effectués par le programme pendant la performance. Cela vaut non seulement pour l’installation interactive dans laquelle le comportement des visiteurs aura également une influence sur le processus, mais aussi pour la pièce acousmatique et la performance live. 
Pour la pièce acousmatique plus précisément, elle consistera en un programme génératif dont certains paramètres seront contrôlés en temps réel alors que d’autres seront fixés précisément. 
  • La forme globale de la pièce sera définie par le choix préalable d’un parcours à l’intérieur des possibilités offertes par le dispositif (ce choix pourra varier d’une présentation à l’autre de la pièce). 
  • Les taux d’altération des matières dans le processus de décomposition pourront être modifiés pendant la performance de manière à en accélérer ou ralentir le déroulement. 
  • Les typologies de matériaux sonores peuvent être limitées préalablement de manière à focaliser la pièce sur un domaine sonore spécifique. 
  • Les équilibres réels dans l’espace de diffusion seront de toute manière établis et joués pendant la performance  
Cet ensemble de procédés de traitements spectro-morphologiques sera associé à un traitement spatial. Pour alimenter le processus global, chaque objet sonore sera choisi aléatoirement dans les différentes banques les regroupant par typologies (source, durée, critères spectraux…). Il recevra à ce moment là une configuration spatiale particulière dépendant de son nombre initial de canaux (de 1 à 4) et de sa typologie.

Traitement de l’espace

Le dispositif de diffusion est prévu pour 13 canaux large bande plus un renfort de grave.
 
Disposition des haut-parleurs :  
  • Une couronne octophonique autour du public 
  • Un groupe de 5 haut-parleurs  disposé en carré (4 angles et 1 central) soit au-dessus du public si la salle le permet soit sur un plan frontal avec une élévation supérieure à la couronne octophonique.
C’est la notion de zone qui sera à la base du traitement spatial de Humus. 

La spatialisation des sons sur les 13 canaux se fera donc par répartition du signal plus ou moins large. Le principe est de dessiner des morphologies spatiales par modulation de la largeur de répartition. Des répertoires de morphologies statiques seront définis au moment de l’écriture des moteurs génératifs, et ceci indépendamment des matières sonores. On appliquera ensuite une morphologie spatiale spécifique à chaque élément sonore. On constituera également des répertoires de morphologies dynamiques, des trajectoires de zones donc, par mutation d’une morphologie statique à une autre. 

Du fait de la présence de 5 haut-parleurs situés sur un autre plan, on pourra travailler des zones sur le plan horizontal  (de 1 à 8 points simultanés sur la couronne ou de 1 à 5 points simultanés sur le plan élevé), vertical (1 couple bas-haut) ou les deux à la fois (toutes les combinaisons associant de 2 à 8 haut-parleurs en bas avec de 1 à 5 haut-parleurs en haut).


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