Texture(s)

Projet Textures > Recherches sur un dispositif de batterie augmentée
Jean-Christophe Noël | François Donato

La dynamique du projet Textures repose sur notre désir de développer ensemble un travail d’expérimentation et de recherches reliant les modalités de production acoustique et électronique de gestes musicaux.
De nombreuses expérimentations sur l’augmentation des instruments acoustiques grâce aux nouvelles technologies ont eu lieu depuis plusieurs décennies maintenant, aboutissant à la création de pièces écrites dans des styles très divers. Certaines d’entre elles s’appuient en particulier sur la captation gestuelle pour organiser en temps réel les relations entre la partie instrumentale et la partie électronique, c’est l’objectif de certains programmes de recherches associant scientifiques, ingénieur.e.s, instrumentistes et compositrices/compositeurs.
La phase de travail dans laquelle nous sommes actuellement est basé sur la conception du dispositif de jeu. Il s’agira d’étendre le domaine de la batterie et d’enrichir le domaine de l’électronique pour provoquer des situations de jeu musical qui permettent une intégration des deux dans un seul univers sonore cohérent.
Notre objectif n’est donc pas d’écrire à deux mains une pièce mixte pour un instrument et une partie électronique mais plutôt de définir par l’expérimentation les contours d’un espace musical/sonore commun nourri par le potentiel propre du dispositif que nous mettons en place.
Ainsi, la notion de « batterie » elle-même est questionnée pour privilégier une approche non formatée des générateurs acoustiques qui la composent. Les corps sonores que sont la caisse claire, les toms ou les cymbales peuvent générer une multitude de matières sonores déclenchées et contrôlées par le geste de l’instrumentiste.
Cette association du corps sonore et du geste qui active son potentiel acoustique constitue un axe de notre recherche. Nous nous appuierons donc sur la mesure de certains paramètres physiques déterminants dans ce processus, par exemple:
– distance entre la main et l’instrument pour rendre sensible la relation physique entre les deux.
– vélocité du geste pour utiliser l’intention musicale dans le contrôle d’une réponse électronique.
– spatialité du geste : un tom ou une cymbale sont des surfaces de jeu et la localisation du geste sur cette surface prend sens en vue du résultat acoustique produit.
Ces informations permettront d’une part de contrôler des traitements appliqués au signal acoustique produit par les instruments et captés par micros, et d’autre part de contrôler des matières générées directement par l’électronique.
Le dispositif électronique sera également constitué de contrôleurs gestuels indépendants des instruments acoustiques : contrôleurs midi habituels mais aussi capteurs de pression, de positions des mains…
Ces éléments permettront d’intervenir en temps réel sur :
– le traitement des sons acoustiques des instruments.
– le contrôle de matières sonores préalablement réalisées.
– la génération de matières électroniques par synthèse

Nous serons donc deux acteurs jouant ensemble d’un même instrument global possédant plusieurs accès différenciés et des capacités sonores élargies par la mise en commun des ressources acoustiques et électroniques, chacun ayant ses « habiletés » propres.

Sur le plan musical, le duo revendique avant tout une grande liberté de ton, une détermination à éviter tout systématisme. La référence à la peinture abstraite est explicite, en particulier le mouvement de l’abstraction lyrique. Et la notion même de texture est le fil rouge, qui permet d’organiser le champs des matériaux et de structurer la performance.


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